Annie Jourdan’s Response Essay

Réponse à M. Crook – Le mythe du 18-Brumaire

L’approche de Malcom Crook (de son livre Napoleon comes to power et de son texte ici-même) est intéressante, en ce qu’elle peut modifier du tout au tout l’histoire de Napoléon: parce qu’elle se sépare de l’historiographie traditionnelle, qui, qu’elle le veuille ou non, redouble les récits laissés par Napoléon et ses admirateurs. Trop rares en effet sont les historiens qui remettent en cause l’interprétation selon laquelle le Directoire devait nécessairement tomber ou déboucher sur la dictature, parce qu’il était divisé, anarchique, corrompu, parce qu’il ne faisait pas l’unanimité parmi les Français. Réévaluer l’apport véritable du Directoire, son oeuvre, les résultats obtenus ou à venir, permet de détruire ce mythe.  Du coup, est mis fin à la rhétorique de la nécessité, tandis que peuvent être reconsidérées non seulement les journées des 18 et 19 Brumaire, mais ce qui précède et ce qui suit. Car il faut à la fois comprendre comment a pu s’effectuer l’irruption sur la scène politique parisienne de Bonaparte et se rendre compte que les conséquences des fameuses journées n’étaient pas inclues dans l’événement; elles auraient pu mener à tout autre chose, et c’est bien ainsi que l’entendaient les Brumairiens.

En amont, donc, des hommes qui désirent modifier la Constitution de l’an III et renforcer l’exécutif. Dans La Révolution des pouvoirs Marcel Gauchet démontre bien que les milieux politiques percevaient une solution dans un renforcement de l’exécutif et dans l’ajout d’un tiers-pouvoir à qui serait confié le contrôle constitutionnel, et, éventuellement un pouvoir de destitution. Démocrates et libéraux se retrouvaient sur ce point mais se divisaient sur les moyens. Fallait-il un régime présidentiel à l’américaine, des garanties de capacité à exiger des législateurs, un corps modérateur? Ou bien un Directoire, avec un conseil des Anciens élus à vie et un jury constitutionnaire? Ou, ainsi que le souhaitait Sieyès, un Sénat conservateur et un Grand Electeur qui élirait les deux consuls auxquels serait confié le pouvoir exécutif?

Et puis, en amont aussi, un général, qui, dès l’Italie, s’entoure d’hommes éminents: savants, artistes, hommes de lettres, qu’il entreprend de séduire. Un général qui parvient à se faire élire à l’Institut dans la section des mathématiques et qui passe donc pour un savant. Ses frères ne demeurent pas en reste, et tout un réseau de relations se noue qui oeuvre à populariser Bonaparte. C’est perceptible entre autres dans la  Décade philosophique qui, dès 1796 et jusqu’en 1800, ne cesse d’occuper ses lecteurs du Héros italique, du Vainqueur de l’Egypte et, qui, tout au long de ses pages, n’en finit pas de décliner ses innombrables qualités. Mme de Staël elle-même témoigne que “l’on se plaisait à lui croire toutes les qualités généreuses qui donnent un beau relief aux facultés extraordinaires”. C’est dire que Bonaparte avait su rapidement se concilier l’élite de la nation. Mais cela permet aussi de mieux comprendre ce qui suit, et entre autres, les appuis qu’il obtint à la veille et au lendemain du coup d’Etat.

En aval, le 18-Brumaire aurait dû mener à l’installation d’un gouvernement élitiste et modéré, mais républicain et représentatif. L’intervention militaire devait avant tout avoir un effet dissuasif, et, le sabre, à peine brandi, réintégrerait son fourreau. C’était sans compter sur le talent de manipulateur de Bonaparte, qui eut tôt fait de valoriser son rôle par le biais de proclamations et par une campagne d’opinion, tandis qu’il s’empressa d’exiger une fonction à sa mesure, en échange de son soutien. Et puis, il sut rallier des membres éminents des commissions législatives, tels Boulay de la Meurthe ou Roederer, et Ducos, l’acolyte de Sieyès. Mais il parvint encore à imposer ses vues lors des discussions au palais du Luxembourg, qu’il prolongeait à loisir, de sorte à venir à bout des objections. Bref, au lendemain du 18-Brumaire, la partie n’était pas gagnée pour l’ambitieux général. Elle ne le serait que le 21 frimaire, quand Bonaparte fut nommé Premier Consul, Sieyès étant confiné à la présidence du Sénat. Mais, on le sait, ici aussi, les procédures ne furent pas très constitutionnelles. Après avoir contraint Daunou à corriger sa copie, Bonaparte substitua au scrutin projeté une nomination ad hoc: Sieyès eut l’honneur de désigner les trois Consuls de la République, selon le voeu émis par le général. Comme le suggère Thierry Lentz, cette journée a un parfum de second Coup d’Etat, où se révèlent des talents politiques, et qui, à ce moment-là seulement, ouvre réellement à Bonaparte l’accès au pouvoir.

Encore ce pouvoir était-il temporaire et limité. Les consuls avaient ét énommés pour dix ans et leurs prérogatives initiales n’avaient rien de dictatorial. Certes, Bonaparte avait réussi à faire admettre la prééminence du Premier Consul sur ses collègues. Il n’en demeure pas moins surprenant que la plupart des historiens, quand ils parlent de “la fragilité du pouvoir de Bonaparte”, prennent pour acquis ce qui n’était que requis par l’acteur principal. C’est fausser le problème et reprendre tel quel le point de vue du protagoniste: son pouvoir en effet était ce qu’il devait être, et même plus que ce qu’il ne devait être, à l’origine. Et il fallut bien des violations, des usurpations, des manipulations avant qu’il acquière la toute-puissance, que lui déniaient à juste titre les corps législatifs. Une des plus importantes est sans doute la manipulation – qualifiée d'”escamotage” par Fouché – qui mène au Consulat à vie. Et ce n’est ni la première ni la dernière. A tel point que l’histoire de Napoléon pourrait avoir pour sous-titre: d’un coup d’Etat à l’autre.[1]

Le 18-Brumaire, quoi qu’il en soit, est bien un mythe – plus qu’une légende. Non seulement du point de vue événementiel, puisque ce jour-là, il ne s’est rien passé d’essentiel, si ce n’est que les Conseils ont voté leur transfert à Saint-Cloud et donné le commandement des troupes parisiennes à Bonaparte. Mais aussi du point de vue causal, puisqu’il est faux que la République ait été au bord de l’abîme et qu’il lui fallait se défendre contre un complot jacobin; et du point de vue final, puisqu’il ne s’agissait pas de “sauver la patrie” et de protéger la Constitution, comme l’affirme Napoléon, bien au contraire. Mais il n’était pas non plus question de donner la toute-puissance au général Bonaparte. Et c’était Sieyès qui aurait dû se retrouver au gouvernail de la République, assisté de ses amis.

Réponse à Isser Woloch: Pourquoi Napoléon?

Pourquoi Napoléon? La question méritait d’être posée et la réponse ne sera pas forcément celle qu’ont donnée jusqu’ici bien des historiens. Outre ce que suggère Isser Woloch, mes études m’incitent à en rechercher des éléments du côté de l’image qu’affiche de lui le général de la République: celle d’un Brutus, républicain sans peur et sans reproche, un Catalina, vertueux et modeste; dévoué à la chose publique et particulièrement brillant.  Bonaparte sait peu à peu éblouir tout ce que Paris compte de talents, entre autres “ceux qui font les réputations” (Méneval). Il se donne pour un hommeé pris de progrès et ouvert aux idées. Il affirme haut et fort que “les vraies conquêtes, les seules qui ne donnent aucun regret, sont celles que l’on fait sur l’ignorance”. Depuis son château de Mombello, il fait savoir à qui veut bien l’entendre que la République et son représentant font plus de cas des arts et des sciences que de la ville la plus riche. Si Bonaparte célèbre les sciences et les arts, ces derniers à leur tour chantent le Héros éclairé. Et c’est là un avantage non négligeable, qu’il ne partage avec aucun général. A ce concert de louanges se rallient Italiens, Allemands, Hollandais. Son élection à l’Institut, qui lui permet de fréquenter les hommes dont la France s’honore, couronne la stratégie. Rue de Chantereine se succèdent alors les soirées littéraires, philosophiques, musicales où le Tout-Paris se bouscule pour admirer l’esprit, les talents et la modestie d’un général peu ordinaire.[2]

Le génie de Bonaparte tient plus précisément à ce qu’il sait parler à chacun son langage. Comme bien des contemporains, Madame de Staël le reconnaîtra: “il me parla de son goût pour la retraite, pour la campagne, pour les beaux-arts, et se donna la peine de se montrer à moi sous des rapports analogues au genre d’imagination qu’il me supposait”.  Bref, Bonaparte sut très tôt s’imposer comme un républicain sensible et vertueux, un nouveau Washington, sachant déposer les armes et le pouvoir pour revenir à la vie civile. Cette image laborieusement élaborée permet de mieux comprendre les soutiens qui lui sont advenus à la veille et au lendemain du 18 Brumaire. Et, il semblerait que non seulement les modérés et les libéraux soient tombés dans le piège, mais aussi les démocrates, voire les royalistes. C’est que Bonaparte avait l’art de parler dans le sens de son auditoire, quel qu’il fût.

Il est vrai qu’avant même Marengo, les Brumairiens ont déjà déchanté, mais, entre-temps, Bonaparte s’est taillé la part du lion dans la Constitution de l’an VIII et il sera difficile d’y remédier. Le Premier Consul ne dispose-t-il pas de tous les instruments de puissance: trésor public, places, police, armée, presse? Mais, surtout, il a l’art de la manipulation, ne reculant devant aucune dissimulation, usurpation, imposture. Pourquoi Bonaparte? La réponse semble bien devoir être, parce qu’il s’est imposé bon gré mal gré par la séduction et par la contrainte.  Aux termes de réconciliation et de répression évoqués par Malcolm Crook ou Isser Woloch, j’ajouterais en effet la ruse et la force. Deux stratégies constantes chez Bonaparte, qui se veut à la fois renard et lion (cf. Machiavel). Napoléon excelle à les faire alterner. Sa politique de 1800 à l’égard de la Vendée est à cet égard éloquente. Quant à la manipulation des hommes et des lois, elle prend des proportions gigantesques, si l’on comprend qu’elle est à l’oeuvre dès 1796 (et peut-être plus tôt encore, autour du 13 Vendémiaire, point que J.P. Bertaud encourageait récemment à étudier), qu’elle adopte des formes multiples – fraude, supercherie, usurpation, mensonge versus menace, violence – et qu’elle ne prendra fin qu’avec la mort du Héros.

Ses projets étaient-ils pour autant ceux qu’attendaient les révisionnistes?  Il semble bien que non (cf. ma réaction à M. Crook). Il paraît peu probable en effet que les vues d’un néophyte en politique aient été préférées à celles de Daunou, passé maître dans l’élaboration de constitutions. Si elles le furent, c’est sans nul doute parce qu’entraient en jeu d’autres motifs, plus retors. L’affaire fut “expédiée de main de maître”, écrit Marcel Gauchet, qui, hélas, ne s’étend pas sur les raisons qu’ont pu avoir les commissions de suivre Bonaparte et non Boulay ou Daunou. Or, dans notre contexte, c’est là justement ce que l’on souhaiterait comprendre. Sans doute, les Brumairiens ont-ils vu en Bonaparte un instrument idéal pour réaliser leurs ambitions, mais n’est-ce pas pour une grande part, parce que le général sut ici aussi doubler son ascendant naturel d’illusoires promesses?

L’entreprise avait peut-être pour but de dépolitiser la France, mais pas à un degré tel que le voudra Bonaparte. Les discussions du Tribunat et du Conseil d’Etat, les votes du corps législatif et du Sénat démontrent que la France n’avait pas encore perdu le goût de la politique. Les diverses factions souhaitaient certainement un retour à l’ordre et une pacification en vue de la stabilisation de la République. Mais non au détriment de la liberté. Successivement, Thibaudeau et Roederer déploreront les mesures qui transforment en absolutisme le pouvoir consulaire. Roederer, pourtant, était un fervent admirateur de Bonaparte, mais s’il acceptait le Consulat à vie, il souhaitait un pouvoir qui fasse contrepoids sous la forme d’un Sénat électoral et héréditaire, entièrement indépendant de l’exécutif.

Quoi qu’il en soit, si Bonaparte est parvenu à pacifier la France et à restaurer l’ordre, il l’a fait par la séduction et la contrainte. Et, la Terreur blanche de 1815 suggère que cette pacification était toute relative. Est-ce à dire que le fulgurant passage de la Comète ne laissa aucune trace et n’eut aucun effet positif? Certes, Napoléon acheva la modernisation et la centralisation de la France, et, son apport réel fut d’en accélérer le rythme. Mais, il a aussi sérieusement ébréché les libertés et le système représentatif et réintroduit des éléments anciens ou rétrogrades: titres, croix, noblesse, Cour, prêtres, etc…, qui faciliteront avant tout le retour des Bourbons.

Réponse à H.Brown: Brumaire, Napoléon et l’autoritarisme libéral

Si Bonaparte l’avait pu, sans nul doute, il eût passé sous silence les journées de Brumaire. Tout au long du règne, il a cherché à en exorciser des mémoires le souvenir, et, dès 1802, il a chassé la date du calendrier des festivités nationales. Au 18-Brumaire succède alors le 15 août, jour de sa naissance, bientôt détrôné par le 2 décembre, autrement prestigieux. En témoigne aussi la remarque à Thibaudeau, à propos du Consulat à vie: “le recours au peuple a le double avantage de légaliser la prorogation et de purifier l’origine de mon pouvoir, autrement il aurait toujours paru équivoque”. Les historiens bonapartistes, au contraire, et, à l’instar du Mémorial de Sainte-Hélène restituent à la fameuse journée sa pureté aurorale. Et il faudra attendre Edgar Quinet et Michelet avant que soit démystifiée la mystification.

Quand bien même le 18-Brumaire n’est qu’une supercherie, l’Histoire lui a conféré une place de choix dans la mémoire des Français. Quinet ici aussi en était conscient et se disait persuadé que l’on continuerait à “frauder l’événement sans [s’en] apercevoir”. Il avait raison: le 18-Brumaire continue à être perçu comme le coup d’Etat de Bonaparte – voire comme sa prise du pouvoir. Mais est-il besoin d’être bonapartiste pour appréhender l’événement comme une rupture, ainsi que le suggère H. Brown? Nier cette rupture, n’est-ce pas occulter le fait que le coup d’Etat de Brumaire, contrairement au 18 Fructidor, mène à la personnalisation du pouvoir, et même si la Constitution installe un simulacre de gouvernement collégial? Le 18-Brumaire diffère encore des coups d’Etat précédents, en ce qu’il avait pour objectif de modifier la Constitution, de renforcer l’exécutif et de le contrebalancer par un tiers-pouvoir conservateur. Le 21 frimaire an VIII, quand sont nommés les trois consuls et qu’est imposée la primauté du Premier d’entre eux, c’est autre chose qui voit le jour et qui oriente la République vers un régime autoritaire.

Régime autoritaire, certes, mais libéral? H. Brown voudrait que s’impose alors un “liberal authoritarianism”, dont les sources remonteraient – pour ce qui est de la Révolution – au 18 Fructidor et qui se perpétue tout au long du XIXe siècle. Cela pose problème à plusieurs niveaux.

Non seulement en ce qui concerne le terme de “libéral”, car, l’autoritarisme libéral’ (conférant la précellence à l’Etat, au détriment de l’individu et au moyen, donc, d’un appareil policier et militaire) ne doit-il pas respecter les libertés civiles et politiques, sous peine de n’être qu’autoritaire? Un tel régime peut être qualifié de libéral, seulement si existent et se perpétuent la publicité, la presse et les élections (cf. L. Jaume). Or, le Consulat et l’Empire réduisent à néant les libertés politiques. La publicité et la presse n’ont d’autre commanditaire ou émetteur que Napoléon; les élections sont illusoires; le plébiscite également – puisque, soit il y a fraude, soit les modalités en sont telles que l’opposition est dissuadée à y participer.

Mais aussi, parce qu’on peut se demander s’il est juste de lire la politique du Directoire de l’après-Fructidor comme l’entrée dans un régime de ce type, au lieu d’y voir un dernier soubresaut terroriste. Et, si l’on opte pour la première solution, pourquoi ne pas placer l’autoritarisme libéral plus en amont? Dans ce cas, il serait intéressant de savoir jusqu’où il faut remonter et comment interpréter la période révolutionnaire – y compris la Terreur.

Le dernier problème suscité par cette interprétation, c’est que le rôle de Bonaparte s’y réduit à une peau de chagrin. Il n’y est qu’un simple instrument des notables. Qu’il soit plutôt indocile ne fait rien à l’affaire. Quant à ses responsabilités, elles sont passées sous silence. Il serait un simple catalyseur d’un mouvement qui le transcende largement.

Certes, on ne saurait nier que répression et contrôle ne soient dès lors à l’ordre du jour. Mais tous deux le sont en un sens dès l’instauration de la République Une et Indivisible; l’Empire les portera à leur acmé. Elias ou Muchembled diraient que l’évolution est à l’oeuvre depuis deux siècles au moins. S’il s’avère que ce sont les progrès accomplis au cours des temps dans la centralisation et les institutions diverses qui ont fourni des instruments adéquats pour l’avènement du “Security State”, propre à l’autoritarisme libéral, ne pourrait-on tout aussi bien affirmer qu’ils ont renforcé avant tout la dictature napoléonienne? Police, armées, postes, presse, administration, cela était entre les mains de Sa Majesté l’Empereur et Roi, ce qui lui a permis de museler l’opposition et d’imposer sa loi. Il est vrai d´autre part que le libéralisme autoritaire du XIXe siècle tirera des leçons de l’expérience napoléonienne: pour en retenir “le retour de l’Etat” mais en rejeter le despotisme.

Le second Directoire fait triste figure dans cette configuration: elle méconnaît les recherches récentes qui revalorisent son oeuvre ou qui restituent à des figures hautes en couleur toute leur dimension. Entre autres aux Jacobins qui commencent à envisager l’idée de “parti” (cf. P. Serna) et acceptent celle de tiers-pouvoir (cf. M. Gauchet). Ce qu’ils revendiquent avant tout, c’est la liberté de la presse, l’existence de sociétés politiques, le libre exercice des droits électoraux – et en ce sens, ils diffèrent bien peu des libéraux. Vu sous cet angle, était-il impossible qu’un jour ou l’autre, démocrates (ou néo-jacobins) et modérés (libéraux) ne se rapprochent? L’entrée sur scène de Bonaparte a coupé court à une réconciliation ou à une collaboration spontanée. Il les a toutes deux imposées, certes, mais a ôté aux aspirations, qui les soustendaient initialement, leur caractère démocratique.

Napoléon achève ou parachève la tâche entreprise sous le Directoire, mais dès 1800-1801, il la dépasse et l’outrepasse, au profit de sa seule puissance, cela n’a rien de libéral. Quant aux véritables libéraux, ils devront attendre 1814 pour pouvoir formuler leurs griefs et faire entendre des voix, qui, dans leurs débuts du moins, n’iront pas forcément dans le sens autoritaire, mais se feront plutôt l’écho d’un “libéralisme du sujet” (cf. L. Jaume).

NOTES:

[1] Ces aspects seront traités dans mon livre, Napoléon (Flammarion, 2000).

[2] Sur ces problèmes voir notre Napoléon. Héros, imperator, mécène (Aubier/Flammarion, 1998).

[3] Cf. Lucien Jaume, L’individu effacé ou le paradoxe du libéralisme français (Fayard, 1997).  Sur le Directoire, voir outre les travaux de Malcolm Crook, La République directoriale (éd. Ph. Bourdin & B. Gainot, Clermont-Ferrand, 1998).

Copyright 1999, H-France and Annie Jourdan